La nature peut-elle servir de règle d'action ?

L'action suppose toujours une règle. Agir sans règle, au hasard, ce n'est pas agir mais subir les événements. On n'est alors plus actif, mais passif : on n'est plus l'acteur de son existence, mais balloté au gré des circonstances. En d'autres termes, l'action est projet, dessein, engagement, direction choisie. 

Or, quelle direction choisir ? La bonne voie n'est-elle pas celle tracée par la nature ?

Cette réponse séduisante ne va pas sans difficultés. En effet, la voix de la nature est-elle claire ? Celle-ci parle-t-elle en nous de manière évidente ?

Afin de comprendre cette difficulté, on peut étudier la réponse que les épicuriens et les stoïciens ont apportée. Ils s'accordent à penser que la nature offre une bonne règle, une juste norme, bref, qu'il faut vivre en accord avec la nature.

Cependant, cet accord n'est que de façade. Il cache en réalité un profond désaccord sur le sens à donner à cette formule "vivre conformément à la nature" : s'agit-il de rechercher le plaisir et de fuir la douleur, ou bien de suivre la raison ? En somme, quel sens donner à cette nature qu'il faut suivre ?